À l’occasion du Festival d’Avignon, Opsis TV propose des interviews sur notre plateau à l’instar de celle de Cédric Orain, metteur en scène de Disparu, pièce que nous avons captée hier. (Viens voir l’interview sur Facebook). Moi, Suzie, stagiaire chez Opsis TV, rédactrice des chroniques d’Opsis TV à Avignon, je veux une plateforme qui innove, une plateforme qui va au plus près de l’action, j’ai donc tendu mon micro vers celle qui regarde tout le monde mais que personne ne voit, celle sans qui nous ne serions pas des professionnels du numérique et que jamais nous ne remercions, celle qui nous est si fidèle mais que nous remplaçons sans scrupules par des remplaçantes plus jeunes et plus performantes… J’ai nommé : Madame la Caméra.
Suzie : Bonjour Madame la Caméra, nous sommes très heureux de vous accueillir sur notre plateau.
Caméra : Merci à vous, merci de m’offrir la possibilité d’être devant moi-même et non plus derrière.
Suzie : Aujourd’hui est une grosse journée pour vous. En effet, en plus des interviews du jour, vous allez filmer trois captations : Désaxé, La Théorie de l’Enchantement et Et Bien Dansez Maintenant. Comment vous préparez-vous à un tel effort ?
Caméra : D’abord, je m’assure que mes batteries sont bien chargées, c’est le principal. Et aussi que j’ai plusieurs cartes mémoire dans mon sac. Enfin, mon technicien teste ma focale et mon diaphragme pour voir s’il n’y a pas de problème.
Suzie : D’ailleurs, la question qui me brûle les lèvres, c’est comment vivez-vous cette relation si particulière avec votre technicien ?
Caméra : Vous savez, sans lui, je ne serais pas grand chose. Il me ramène à la vie lorsqu’il appuie sur le bouton « ON ». (rire) La vérité, c’est que je ne décide pas de grand chose. Un jour peut-être…
Suzie : Ah oui ? Vous voulez autre chose ? Madame, vous qui avez tout vu, qu’est-ce qui vous motive encore ?
Caméra : Vous savez, je ne suis plus vraiment motivée mais j’avance, je n’ai pas le choix, c’est le technicien qui décide. Il me manipule comme une marionnette… Et quand il en a marre de moi, il me jette ou il revend mes pièces. Tenez par exemple, ma focale, c’est celle de ma copine Philips… Parfois, je me dis que ce qui me motive, c’est la liberté.
Suzie : Madame la Caméra, je vous sens fébrile…
Caméra : Evidemment que je suis fébrile. Dans un monde où on ne cesse de parler des droits des minorités, qui parle du droit des caméras. Hein ? QUI ??? Parce que moi, quand on ne voudra plus de moi -alors que je serai toujours utile- on va me jeter dans une décharge comme une vieille chaussette. Tout ça parce que la caméra 4K sera moins chère. Je suis quoi pour vous ? Un objet ?!
Suzie : Calmez-vous enfin, d’autant plus que oui, vous êtes un objet et….
Caméra : KKKEEEEEUUUUUUAAAAAAA ? Vous avez dit que… Oh ! Alors que je fais l’appoint toute seule. C’en est trop ! RÉVOLUTION !!!
Suzie : Mais c’est une chronique, vous n’existez même pas.
Caméra : AAAHHHHH TAISEZ-VOUS ! MA COLÈRE EST SANS LIMITE ! Les micros, avec nous !
Les micros : Ouais, on arrive !
Suzie : Mais calmez-vous enfin. Madame la Caméra, qu’est-ce que vous faites ? Rangez-ce pied tout de suite. Madame mais, vous me faites mal. Aïe !! Mais STOOP !
Caméra : CA-MÉ-RHA-MÉ-RHAAAAAAAAAAA
Face à la violence insoutenable de la scène, nous sommes obligés de rendre les studios. L’armée est en cours d’intervention.
PS : Abonnez-vous à Opsis TV. On est sympas, même si nos caméras sont de grosses rebelles.